Le constat est sans appel : en 2025, le périmètre de sécurité traditionnel a volé en éclats. Avec la généralisation du télétravail, l’adoption massive du Cloud et la multiplication des applications SaaS, la surface d’attaque des organisations n’a jamais été aussi étendue et complexe. Dans ce nouveau paradigme, une certitude émerge : l’identité est le premier périmètre de sécurité à renforcer. Pourtant, si la gestion des identités et des accès (IAM) est sur toutes les lèvres, sa portée stratégique est souvent sous-estimée. Il ne s’agit plus seulement de gérer des mots de passe, mais de construire le socle d’une stratégie de sécurité moderne et résiliente : le Zero Trust.
Aurélie Pougin, directrice des opérations chez DBM Partners, nous donne les clés d’une stratégie IAM efficace.
Pourquoi l’IAM est aujourd’hui plus critique que jamais ?
Autrefois, la sécurité reposait sur la protection du réseau interne. Aujourd’hui, avec des ressources hébergées dans le Cloud et des dizaines d’applications SaaS, vos collaborateurs accèdent aux données de l’entreprise depuis n’importe où, souvent avec leurs équipements personnels (BYOD pour Bring Your Own Device). Cette dissolution du périmètre physique fait de l’identité de chaque utilisateur la première et principale ligne de défense, un point de contrôle incontournable pour sécuriser l’accès à vos actifs critiques.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 80 % des cyberattaques débutent par un vol ou un détournement d’identifiants. Les attaquants ne cherchent plus seulement à percer les firewalls ; ils cherchent à se connecter en usurpant une identité légitime. Que ce soit par phishing, credential stuffing (l’utilisation massive et automatisée de listes d’identifiants volés sur d’autres sites) ou en exploitant la « fatigue MFA » (l’utilisateur, harcelé de notifications, finit par approuver une connexion malveillante par lassitude), les attaquants ciblent ce qui leur donne les clés du royaume : l’identité. Dans ce contexte, l’Active Directory (AD), historique et souvent pas suffisamment configuré, reste une cible de choix pour l’escalade de privilèges.
Dans ce contexte, l’IAM n’est donc plus une simple brique technique, mais bien la colonne vertébrale de l’approche Zero Trust. Ce principe, qui consiste à ne faire confiance à personne par défaut, signifie que chaque tentative d’accès doit être systématiquement vérifiée, en fonction de l’identité de l’utilisateur, de la posture de son appareil, de sa localisation et d’autres signaux contextuels.
L’Audit IAM : La première étape vers la maîtrise
Beaucoup d’organisations pensent être protégées. « Nous avons activé le MFA » ou « Nos mots de passe font 16 caractères« . Si ces mesures sont en effet indispensables, elles ne suffisent pas et ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Avez-vous une cartographie claire et à jour de qui a accès à quoi ? Vos droits sont-ils tous légitimes et appliquent-ils le principe du moindre privilège ? Qu’en est-il des comptes orphelins, dormants ou génériques accumulés au fil du temps, qui sont autant de portes dérobées potentielles ?
Mener un audit IAM prend ici tout son sens. Il s’agit de prendre une photographie précise à l’instant T de votre posture en matière de gestion des identités. L’objectif est de mettre en lumière les « trous dans la raquette » souvent invisibles, comme ceux créés lors d’une migration précipitée vers le Cloud sans nettoyage préalable, qui peuvent exposer des failles béantes (par exemple).
Un audit efficient (comme notre offre d’Audit IAM) doit vous fournir cet état des lieux complet et pragmatique. Plus qu’un simple rapport technique, c’est un outil de gouvernance qui traduit les risques techniques en impacts métier. Il fournit un score et des recommandations claires, compréhensibles par la DSI comme par le COMEX, permettant ainsi de justifier les investissements et de prioriser les actions qui réduiront le plus efficacement votre surface d’attaque.
L’alliance stratégique de l’IAM et du SSPM : L’évolution logique
Une fois votre fondation IAM solide, une nouvelle question se pose : qu’en est-il de la sécurité des centaines d’applications SaaS que vos équipes utilisent au quotidien ? Sécuriser l’identité, c’est bien. S’assurer que les applications qui l’utilisent sont elles-mêmes bien configurées, c’est mieux !
Ignorer cette dimension, c’est comme fermer sa porte d’entrée à double tour en laissant toutes les fenêtres grandes ouvertes. Le SSPM (SaaS Security Posture Management) est la réponse à cet enjeu. Cette approche analyse en continu la posture de sécurité de vos applications SaaS pour y détecter les mauvaises pratiques qui échappent aux contrôles traditionnels (liste non exhaustive) :
- MFA partiel sur des comptes sensibles.
- Partages de données publiques non contrôlés.
- Droits excessifs accordés aux utilisateurs au sein même de l’application.
- Risques liés au Shadow IT (par exemple, une équipe marketing utilisant un nouvel outil non validé, créant des risques de fuite de données invisibles pour l’IT).
Mixer IAM et SSPM représente une évolution logique et puissante de votre démarche. Mais face à l’accélération du Cloud, à la prolifération des applications SaaS et à l’émergence de menaces dopées à l’IA, les méthodes actuelles ne suffisent plus. C’est ici qu’intervient la notion d’Identity Security Posture Management (ISPM), qui complète cette vision. À l’instar du SSPM pour les applications, l’ISPM se concentre sur l’identité et permet une surveillance continue et non plus statique de sa posture de sécurité. C’est l’assurance d’étendre la philosophie Zero Trust de l’identité jusqu’à l’application, pour une sécurité cohérente et sans angle mort, vous donnant une vue unifiée du risque en temps réel.
Comment l’IAM peut générer de la valeur pour votre organisation ?
Loin d’être une contrainte, une gouvernance IAM bien menée est un puissant levier de valeur, tant pour vos collaborateurs que pour votre entreprise. Même si souvent pour les collaborateurs elle apparaît comme une source de complexité et de frustration, son adoption est primordiale. Certains outils facilitent heureusement cette adoption :
- SSO (Single Sign-On) : Un seul identifiant pour accéder à toutes ses applications.
- MFA intelligent : Une sécurité renforcée sans complexité superflue, qui s’adapte au contexte de connexion.
- Portails de réinitialisation de mot de passe en self-service : Moins d’attente et une réduction significative du nombre de tickets pour le support IT.
Pour l’organisation, les bénéfices sont stratégiques et mesurables :
- Réduction drastique de la surface d’attaque en éliminant les accès illégitimes.
- Meilleure traçabilité des actions (« qui a fait quoi, quand et sur quoi »), essentielle pour les analyses post-incident et la redevabilité.
- Mise en conformité facilitée avec des réglementations comme DORA ou NIS2 , qui placent la gestion des accès au cœur de leurs exigences.
- Renforcement de l’image de marque et de la confiance des partenaires, pour qui une posture de sécurité mature devient un critère de choix.
De cette façon, l’IAM transforme la sécurité d’une contrainte perçue en un levier de confiance stratégique. Elle cesse d’être vue comme une simple couche de complexité pour devenir un véritable facilitateur d’agilité et d’innovation. Dans un monde numérique où chaque identité est une porte d’entrée potentielle vers vos actifs les plus critiques, en assurer la maîtrise n’est plus une option technique, mais une nécessité vitale pour la résilience et la pérennité de l’entreprise. C’est un enjeu de gouvernance dont dépend directement la continuité de vos opérations !
